Après l’obtention de mon CAP AEPE, j’ai eu l’opportunité exceptionnelle de travailler dans une crèche en forêt. Cette expérience a profondément transformé ma vision du métier d’accompagnant éducatif petite enfance. Découvrez comment l’immersion quotidienne dans la nature révolutionne le développement des tout-petits et offre une nouvelle perspective sur notre profession.

Comment j’ai découvert le concept de crèche en forêt
Mon parcours vers cette expérience atypique a commencé par une rencontre fortuite qui a ouvert de nouveaux horizons professionnels.
Du CAP AEPE classique à l’aventure en pleine nature
Comme beaucoup d’entre vous, j’ai suivi un parcours de formation traditionnel. Mon CAP AEPE m’avait préparée aux environnements classiques d’accueil de la petite enfance :
- Les stages en crèche municipale avec leurs espaces intérieurs soigneusement aménagés
- Les journées structurées autour d’activités majoritairement réalisées en intérieur
- Les sorties occasionnelles au parc considérées comme des « temps forts »
- Les préoccupations centrées sur l’hygiène et la sécurité en milieu fermé
- Les jeux et matériels pédagogiques conventionnels
Cette formation, bien que solide, présentait une vision relativement standardisée du métier. Rien ne me préparait à l’expérience radicalement différente qui m’attendait.
La découverte d’une alternative éducative
Ma rencontre avec le concept de crèche en forêt s’est faite par hasard :
- Un article dans une revue professionnelle sur les « forest kindergarten » scandinaves
- Une conférence sur les pédagogies alternatives où intervenait la fondatrice d’une structure française
- Des vidéos en ligne montrant des enfants épanouis dans un environnement naturel
- Un reportage télévisé sur les bienfaits de la nature pour le développement de l’enfant
- Une annonce d’emploi qui a immédiatement résonné avec mes aspirations
Intriguée par cette approche radicalement différente, j’ai décidé de postuler, malgré mes doutes initiaux et les réactions sceptiques de mon entourage professionnel.
Les premiers pas vers l’inconnu
La transition n’a pas été sans appréhensions :
- Comment assurer la sécurité des enfants dans un environnement non contrôlé ?
- Comment gérer les conditions météorologiques variables ?
- Mes compétences acquises en formation seraient-elles adaptées à ce contexte ?
- Les parents adhéreraient-ils vraiment à cette approche inhabituelle ?
- Pourrais-je m’adapter à ce changement radical de paradigme éducatif ?
Ces questionnements légitimes m’accompagnaient lorsque j’ai franchi pour la première fois le seuil de cette crèche en forêt, située en bordure d’un bois, à 30 minutes d’une grande ville.
La crèche en forêt : un concept révolutionnaire en plein essor
Avant de partager mon expérience personnelle, il est important de comprendre ce qu’est exactement une crèche en forêt et comment ce modèle se développe en France.
Les origines et principes fondamentaux
Le concept de crèche en forêt puise ses racines dans plusieurs traditions :
- Les « Skovbørnehaver » (jardins d’enfants forestiers) danois, apparus dès les années 1950
- Les « Waldkindergärten » allemands, qui ont systématisé l’approche dans les années 1990
- La pédagogie par la nature développée en Amérique du Nord
- Les approches scandinaves de vie en plein air (« friluftsliv »)
- Les principes de l’éducation expérientielle et sensorielle
Ces structures reposent sur une conviction fondamentale : la nature est le meilleur environnement éducatif pour le développement global de l’enfant.
Le fonctionnement quotidien
Une crèche en forêt se distingue par plusieurs caractéristiques essentielles :
- Les enfants passent la majorité de leur temps en extérieur, quelles que soient les conditions météorologiques (sauf dangers extrêmes)
- Un bâtiment ou abri sert de base mais n’est pas le lieu principal d’activité
- Le matériel pédagogique conventionnel est limité au profit des éléments naturels
- Le rythme quotidien s’adapte aux saisons et aux conditions naturelles
- Les activités émergent souvent spontanément de l’exploration de l’environnement
- Les adultes adoptent une posture d’accompagnement plutôt que de direction
Dans notre structure, nous accueillions 15 enfants de 2 à 4 ans, avec trois professionnels permanents, dans un domaine forestier de 5 hectares disposant d’un chalet comme base.
Le développement du modèle en France
Le concept de crèche en forêt connaît une croissance significative en France :
- Une vingtaine de structures officielles en 2025, contre seulement 3 en 2020
- Un cadre réglementaire qui s’adapte progressivement à ces nouveaux modèles
- Un intérêt croissant des collectivités territoriales pour ces initiatives
- Des formations spécifiques qui commencent à émerger pour les professionnels
- Un réseau national de partage d’expériences en construction
- Une demande parentale en forte augmentation, créant souvent des listes d’attente
Cette évolution témoigne d’une prise de conscience collective des bienfaits de la nature pour les jeunes enfants, ainsi que des limites des environnements intérieurs standardisés.
Une journée type dans notre crèche en forêt
Pour mieux comprendre cette approche, voici comment se déroulait une journée typique dans notre structure.
L’accueil matinal : première connexion avec la nature
La journée commençait différemment des crèches conventionnelles :
- Accueil des familles entre 8h et 9h au chalet, notre base de repli
- Équipement des enfants selon la météo (combinaisons imperméables, bottes, chapeaux, etc.)
- Cercle d’ouverture en extérieur avec chansons et observation des changements quotidiens dans la nature
- Petit rituel de connexion avec un élément naturel choisi par chaque enfant
- Discussion sur les découvertes possibles de la journée et les zones à explorer
Dès ce moment matinal, la différence était frappante : l’attention des enfants était naturellement captée par leur environnement changeant, sans besoin de stimulation artificielle.
L’exploration du matin : apprentissages spontanés
La matinée se poursuivait par une immersion complète dans la nature :
- Départ en petit groupe vers différentes zones de la forêt (la clairière, le ruisseau, la colline…)
- Exploration libre avec supervision discrète des adultes
- Observations guidées selon les intérêts émergents (traces d’animaux, champignons, insectes…)
- Défis moteurs naturels (grimper aux arbres adaptés, traverser un tronc, construire des cabanes)
- Collecte d’éléments naturels pour des activités créatives ultérieures
Durant ces moments, mon rôle était radicalement différent de celui d’une crèche traditionnelle : j’étais davantage une accompagnatrice qu’une animatrice, suivant les pistes d’intérêt ouvertes par les enfants eux-mêmes.
Le repas en pleine nature : une expérience sensorielle complète
Le déjeuner constituait un moment particulier :
- Retour au chalet ou installation dans un espace forestier abrité selon la météo
- Rituel de lavage des mains avec eau et savon biodégradable
- Repas composé majoritairement d’aliments locaux et de saison
- Implication des enfants dans l’installation et le rangement
- Discussions naturelles sur l’origine des aliments, souvent en lien avec nos observations
- Temps calme post-repas avec histoires liées à la nature ou sieste en hamac (par beau temps)
Ces repas en plein air créaient une relation différente à l’alimentation, plus consciente et connectée au cycle des saisons.
L’après-midi : créativité et approfondissement
Les activités de l’après-midi permettaient d’approfondir les découvertes :
- Ateliers créatifs utilisant les matériaux naturels collectés le matin
- Jeux sensoriels spécifiques (parcours pieds nus, exploration tactile…)
- Jardinage dans notre potager pédagogique pour les jours plus calmes
- Construction collective (cabanes, barrages au ruisseau…)
- Temps d’observation silencieuse guidée pour développer l’attention
Ces moments plus structurés s’appuyaient toujours sur les intérêts manifestés par les enfants durant la matinée, créant une continuité naturelle dans les apprentissages.
Le retour et la clôture de journée
La journée se terminait par un rituel important :
- Cercle de partage où chaque enfant pouvait exprimer sa découverte du jour
- Rangement collectif des éléments utilisés
- Retour au chalet pour le changement de vêtements si nécessaire
- Transmission aux parents axée sur les découvertes et apprentissages spécifiques
- Petit rituel de « au revoir » à la forêt jusqu’au lendemain
Ce cadre, à la fois souple et structuré, offrait aux enfants une sécurité émotionnelle tout en maximisant leur liberté d’exploration.
Les transformations stupéfiantes observées chez les enfants
Ce qui m’a le plus marquée dans cette expérience, ce sont les effets remarquables sur le développement des enfants, bien au-delà de mes attentes initiales.
Un développement moteur exceptionnel
Les progrès physiques étaient particulièrement frappants :
- Une motricité globale nettement supérieure à celle observée en crèche classique
- Un équilibre remarquable développé sur les terrains irréguliers
- Une coordination œil-main affinée par la manipulation d’éléments naturels variés
- Une endurance physique impressionnante, même chez les plus jeunes
- Une conscience corporelle aiguisée par l’adaptation constante à l’environnement
- Une motricité fine développée par la manipulation d’objets naturels de tailles et textures variées
En quelques mois, des enfants initialement hésitants grimpaient avec assurance, franchissaient des obstacles complexes et développaient une aisance corporelle remarquable.
Une concentration et une autonomie renforcées
Les capacités cognitives et l’indépendance se développaient de façon surprenante :
- Des temps d’attention significativement plus longs que la moyenne pour leur âge
- Une capacité à s’engager profondément dans une activité choisie
- Une autonomie dans la résolution de problèmes pratiques
- Une autorégulation impressionnante face aux défis
- Une prise d’initiative naturelle dans l’exploration
- Une diminution notable des comportements de dépendance à l’adulte
Je me souviens particulièrement de Lucas, 3 ans, qui pouvait observer une fourmilière pendant 45 minutes d’affilée, une concentration rarement observée à cet âge en environnement intérieur.
Une richesse langagière et conceptuelle
Le développement cognitif et langagier était particulièrement enrichi :
- Un vocabulaire précis et riche lié aux observations naturelles
- Des capacités de description détaillée des phénomènes observés
- Une compréhension intuitive de concepts scientifiques complexes
- Des questionnements pertinents et profonds
- Des capacités narratives développées par le partage des découvertes
- Une aisance à établir des liens entre différents phénomènes
Emma, 4 ans, utilisait spontanément des termes comme « décomposition », « camouflage » ou « hibernation » dans leur contexte approprié, démontrant une intégration naturelle de concepts scientifiques avancés.
Une résilience émotionnelle remarquable
L’aspect socio-émotionnel connaissait également des évolutions notables :
- Une tolérance accrue à la frustration et aux petits inconvénients
- Une capacité à gérer les risques appropriés à leur âge
- Une entraide spontanée face aux défis physiques
- Une régulation émotionnelle facilitée par l’espace et le mouvement
- Une diminution significative des conflits entre enfants
- Une confiance en soi renforcée par les réussites quotidiennes
La nature semblait offrir l’espace physique et émotionnel nécessaire pour développer ces compétences essentielles de façon organique.
Un rapport différent au vivant
Peut-être le plus fondamental : une relation transformée au monde naturel :
- Un respect instinctif des êtres vivants, de la plus petite fourmi au grand chêne
- Une compréhension incarnée des cycles naturels et des saisons
- Une sensibilité aux changements subtils dans l’environnement
- Une curiosité insatiable pour les phénomènes naturels
- Un sentiment d’appartenance au monde vivant
- Les prémices d’une conscience écologique ancrée dans l’expérience directe
Cette connexion profonde au vivant constitue peut-être l’apprentissage le plus précieux, dans un monde confronté à des défis environnementaux majeurs.
Comment cette expérience a transformé ma pratique professionnelle
Au-delà des bénéfices pour les enfants, cette immersion dans une crèche en forêt a profondément modifié ma vision du métier et mes compétences professionnelles.
Une redéfinition de mon rôle d’accompagnante
Ma posture professionnelle a connu une évolution fondamentale :
- Du rôle d’animatrice proposant des activités prédéfinies à celui de facilitatrice des découvertes
- D’une position de contrôle à une approche de confiance dans les capacités des enfants
- D’une focalisation sur les résultats à une valorisation des processus d’exploration
- D’une gestion minutée du temps à une fluidité adaptée aux rythmes naturels
- D’une transmission verticale de connaissances à un co-apprentissage horizontal
- D’une anticipation anxieuse des risques à une gestion éclairée des opportunités d’apprentissage
Ce changement de posture a été libérateur, me permettant de redécouvrir le cœur de mon métier : accompagner véritablement le développement naturel de l’enfant.
Des compétences professionnelles élargies
J’ai développé de nouvelles compétences, souvent absentes de la formation initiale :
- Connaissance approfondie de l’environnement naturel (botanique, faune, phénomènes naturels)
- Capacité à identifier les opportunités pédagogiques dans un environnement non structuré
- Évaluation fine des risques réels versus bénéfices développementaux
- Adaptation créative aux conditions changeantes et aux imprévus
- Observation plus attentive et documentation des apprentissages spontanés
- Utilisation pédagogique des éléments naturels disponibles
Ces compétences enrichissent considérablement ma boîte à outils professionnelle, même lorsque je travaille maintenant dans des contextes plus conventionnels.
Une nouvelle compréhension du développement de l’enfant
Ma vision théorique s’est également transformée :
- Reconnaissance de l’importance cruciale du mouvement libre dans tous les apprentissages
- Compréhension approfondie du rôle des expériences sensorielles diversifiées
- Appréciation de la valeur des défis appropriés pour la construction de la confiance
- Conscience des limites des environnements artificiels et standardisés
- Redécouverte de l’importance du jeu non structuré dans le développement cognitif
- Intégration des dimensions émotionnelles et physiques dans tous les apprentissages
Cette expérience m’a amenée à questionner de nombreux présupposés de la formation traditionnelle et à développer une approche plus holistique du développement enfantin.
Une relation différente avec les familles
La collaboration avec les parents a pris une nouvelle dimension :
- Des échanges plus riches centrés sur les découvertes et les processus d’apprentissage
- Une documentation visuelle quotidienne des expériences vécues
- Un partage de connaissances sur la nature qui s’étendait souvent aux familles
- Une relation de confiance renforcée par l’adhésion à un projet éducatif fort
- Des parents plus impliqués dans la continuité des expériences à la maison
- Des retours parentaux exceptionnellement positifs sur les transformations observées
Cette alliance éducative renforcée contribuait significativement à la cohérence du projet pédagogique et à son impact sur les enfants.
Les défis et réalités pratiques de la crèche en forêt
Malgré ses nombreux avantages, ce modèle présente aussi des défis spécifiques qu’il convient d’aborder honnêtement.
La gestion des conditions météorologiques
Le premier défi évident concerne les éléments naturels :
- Nécessité d’équipements adaptés et coûteux pour toutes les conditions
- Organisation d’abris temporaires dans différentes zones de la forêt
- Adaptation des activités selon les contraintes météorologiques
- Vigilance accrue lors de conditions extrêmes (forte chaleur, grand froid, orages)
- Gestion du confort des enfants sans surprotection
- Planification alternative pour les rares jours où l’extérieur est inaccessible
L’adage scandinave « Il n’y a pas de mauvais temps, seulement de mauvais vêtements » devient une philosophie quotidienne, avec ses défis logistiques.
Les préoccupations de sécurité et les risques calculés
La sécurité constitue naturellement une préoccupation majeure :
- Évaluation continue des risques dans un environnement changeant
- Formation spécifique aux premiers secours en milieu isolé
- Protocoles clairs pour les situations d’urgence
- Communication fiable avec les services de secours si nécessaire
- Éducation progressive des enfants à l’évaluation des risques
- Équilibre délicat entre sécurité nécessaire et liberté d’exploration
Contrairement aux idées reçues, nos statistiques d’incidents étaient inférieures à celles des crèches traditionnelles, les blessures étant généralement plus mineures et moins fréquentes.
Les défis organisationnels et logistiques
Le fonctionnement quotidien présente des complexités spécifiques :
- Transport et stockage sécurisé de l’eau, de la nourriture et du matériel essentiel
- Gestion des besoins physiologiques en pleine nature (toilettes écologiques)
- Organisation des temps de sieste adaptés aux différents besoins
- Maintenance des équipements soumis à une usure accélérée
- Gestion des transitions et déplacements dans l’espace forestier
- Adaptation aux imprévus (animal rencontré, chemin devenu impraticable…)
Ces aspects pratiques exigent une organisation rigoureuse et une grande flexibilité, compétences qui renforcent finalement la qualité professionnelle de l’équipe.
Les résistances institutionnelles et réglementaires
Le cadre administratif pose parfois des difficultés :
- Adaptation aux réglementations pensées pour des structures conventionnelles
- Négociations avec les autorités pour faire reconnaître les spécificités du modèle
- Documentation approfondie pour justifier les choix pédagogiques
- Formation continue non standardisée et parfois difficile à faire reconnaître
- Assurances et responsabilités dans un contexte atypique
- Évaluations et contrôles par des professionnels peu familiers avec le concept
Ces obstacles administratifs tendent heureusement à s’atténuer avec la reconnaissance croissante des bénéfices de cette approche.
Comment intégrer les principes de la pédagogie par la nature dans une structure classique
Mon expérience en crèche en forêt m’a fourni des outils que j’ai pu adapter à des contextes plus traditionnels par la suite.
Transformer les espaces extérieurs conventionnels
Même avec un espace limité, plusieurs aménagements sont possibles :
- Remplacer progressivement les structures de jeu plastifiées par des éléments naturels
- Créer des micro-habitats (prairie fleurie, zone humide, tas de bois) même dans une petite cour
- Installer des bacs de plantation accessibles aux enfants
- Aménager des zones de manipulation avec éléments naturels (sable, eau, pierres, bois)
- Privilégier les matériaux bruts et les textures diverses
- Créer des zones d’ombre naturelle avec des plantations adaptées
Ces transformations, même modestes, enrichissent considérablement l’expérience sensorielle des enfants.
Augmenter significativement le temps en extérieur
La fréquence et la qualité des sorties peuvent être repensées :
- Instaurer des sorties quotidiennes, quelle que soit la météo (avec équipement adapté)
- Prolonger progressivement la durée des temps extérieurs
- Diversifier les environnements naturels visités (parc, bois, prairie, plan d’eau…)
- Prévoir des activités de découverte plutôt que de simples « récréations »
- Organiser des repas ou goûters en extérieur régulièrement
- Proposer des siestes en plein air quand les conditions le permettent
L’augmentation du temps en nature, même dans un cadre urbain, produit des effets mesurables sur le bien-être et le développement des enfants.
Intégrer des éléments naturels dans l’espace intérieur
L’environnement intérieur peut également être « naturalisé » :
- Remplacer progressivement les jouets en plastique par des éléments naturels
- Créer des collections d’objets naturels à manipuler (pommes de pin, galets, coquillages…)
- Aménager un coin nature évolutif selon les saisons
- Installer des plantes d’intérieur adaptées et sans danger
- Favoriser la lumière naturelle et les vues sur l’extérieur
- Intégrer des matériaux naturels dans le mobilier et la décoration
Ces modifications créent une continuité entre l’intérieur et l’extérieur, enrichissant l’environnement sensoriel quotidien.
Adapter sa posture professionnelle
L’approche de la crèche en forêt peut inspirer une nouvelle attitude :
- Valoriser l’observation plutôt que l’intervention systématique
- Accepter et encourager une certaine prise de risque adaptée à l’âge
- Laisser plus de place aux initiatives des enfants
- Suivre les intérêts émergents plutôt que d’imposer des activités préplanifiées
- Documenter les découvertes spontanées et les valoriser
- Développer ses propres connaissances sur l’environnement naturel
Cette évolution de posture peut transformer l’ambiance d’une structure, même sans changements matériels majeurs.
Impliquer les familles dans cette démarche
Le partenariat avec les parents est essentiel :
- Expliquer les fondements pédagogiques et scientifiques de l’approche
- Organiser des sorties familiales en nature pour partager l’expérience
- Suggérer des activités simples à reproduire le week-end
- Rassurer sur les questions d’hygiène et de sécurité
- Documenter visuellement les bénéfices observés
- Recueillir les témoignages des changements constatés à la maison
Cette alliance avec les familles renforce l’impact des changements mis en place et favorise une continuité éducative bénéfique.
Les perspectives professionnelles dans ce domaine émergent
Pour les professionnels titulaires du CAP AEPE intéressés par cette approche, plusieurs opportunités se développent.
Un secteur en pleine croissance
Le domaine de la pédagogie par la nature connaît un essor remarquable :
- Multiplication des structures spécialisées dans toutes les régions
- Développement de sections « nature » au sein de crèches conventionnelles
- Création d’écoles maternelles alternatives basées sur ces principes
- Émergence de services de garde en forêt et d’ateliers nature hebdomadaires
- Intérêt croissant des collectivités territoriales pour ces approches
- Demande parentale en forte augmentation
Ces évolutions créent un marché de l’emploi dynamique pour les professionnels formés à ces approches.
Les formations complémentaires disponibles
Pour se spécialiser dans ce domaine, plusieurs parcours existent :
- Certificat de « Pédagogue par la nature » (formation de 150h)
- Modules spécifiques « Petite enfance et nature » dans certains organismes
- Formations en « Forest School Leadership » adaptées au contexte français
- Stages d’immersion dans des structures pionnières
- Webinaires et conférences spécialisés de plus en plus nombreux
- Voyages d’études dans les pays nordiques précurseurs
Ces formations, bien que non obligatoires, constituent un atout significatif pour travailler dans ces structures innovantes.
Créer sa propre initiative
L’entrepreneuriat dans ce domaine est également une voie prometteuse :
- Création de micro-crèches en forêt (cadre réglementaire simplifié)
- Développement d’ateliers nature pour les structures existantes
- Mise en place de services de garde en extérieur
- Consultation pour la transformation d’espaces extérieurs de crèches
- Formation des équipes à l’approche par la nature
- Création d’associations proposant des activités régulières en nature
Ces initiatives répondent à une demande croissante et permettent de développer des projets alignés avec ses valeurs professionnelles.
Conclusion : une révolution douce dans l’accueil de la petite enfance
Mon expérience en crèche en forêt a fondamentalement transformé ma vision du métier d’accompagnant éducatif petite enfance. Au-delà des compétences techniques acquises, c’est ma compréhension même du développement de l’enfant qui s’est enrichie.
Cette approche ne représente pas un simple effet de mode, mais bien une redécouverte de vérités fondamentales sur les besoins des jeunes enfants. L’immersion dans la nature offre exactement ce dont ils ont besoin pour se développer pleinement : espace, mouvement, stimulations sensorielles riches, défis adaptés et connexion au vivant.
Les résultats observés chez les enfants sont si convaincants qu’il devient difficile de revenir à une vision exclusivement intérieure de l’accueil. Même dans les structures conventionnelles, l’intégration de certains principes de la pédagogie par la nature peut transformer significativement l’expérience quotidienne des enfants.
Pour les professionnels titulaires du CAP AEPE, s’intéresser à cette approche ouvre des perspectives passionnantes, tant pour enrichir sa pratique que pour explorer de nouveaux horizons professionnels. Dans un secteur parfois marqué par la routine et les contraintes, la crèche en forêt représente un espace de créativité, d’innovation et de reconnexion avec le sens profond de notre métier.
La révolution douce initiée par ces pionniers de la pédagogie par la nature pourrait bien représenter l’avenir de l’accueil de la petite enfance : un retour aux fondamentaux du développement humain, en harmonie avec notre nature profonde d’êtres vivants appartenant au monde naturel.